Attac traduit en justice Angela Merkel, son ministre des finances et le président de la Deutsche Bank
Par Thomas, le Cimbre le 18. mars 2010, - Catégorie : Economie de bulles, crises systémiques, subprime - Lien permanent
Attac traduit en justice au Tribunal des Banques la chancelière allemande Angela Merkel, l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, le Président de la Deutsche Bank Joseph Ackermann.
Aux USA les responsables des faillites des grandes banques, des assurances, des fonds d’investissement sont traduits devant les tribunaux depuis plus d'une année dans le cadre de la Crise des Subprimes et de la Crise financière. Les CEO, traders et banksters de AIG, Lehman Brothers, etc… sont effectivement traduits devant les tribunaux aux USA et les responsabilités dans leur comportement managérial sont simplement qualifiées de criminelles. Aux USA, il n’y a pas besoin d’appeler à sa rescousse des aficionados du "Grand Soir" issus de groupes présumés de "l'ultra-gauche" ou de cellules terroristes basques... 3 jours avant des Élections Régionales. Aux USA les tribunaux font leur travail, comme lors des Watergate, Iran Gate et comme l’industrie du cinéma américain qui se met aussi à sortir des films sur les présumés stationnements en Irak de scuds à ogive nucléaire qui ont été le casus belli interprété par les Bush pour faire la guerre en Irak. Tout Wall Street est organisé autour de l’Internationale Goldman Sachs, d’AIG, et des collusions entre les agences de notation parce que la loi a organisé la fusion de toutes les activités de dépôt, d’investissement et d’assurance en abrogeant la Loi Steagall Act. Madoff, le gagne-petit, l'un des as parmi tant d'autres de la pyramide Ponzi, est au trou depuis longtemps... et aujourd'hui il a été frappé au visage par un codétenu compagnon de cellule.
En parlant de lui-même, le Chairman et CEO de la Goldman Sachs a dit récemment, "qu'il n'est qu'un banquier qui accomplit l'œuvre de Dieu" ("I'm doing God's work"). Tout trader américain puritain ou non, de la City ou de Dubai, se sentait comme le Kaiser Guillaume II comme la prolongation de la main de Dieu et signait intimement ses coups électroniques avec le même "Gott befohlen" (ordonné par Dieu).
Les études de cas normalisées et orthonormées ont établi autour de la
planète les normes de gestion, les normes de management, les normes
financières, comptables et même prudentielles comme Bâle 2, Solvency II,
FASB, IASF, IFRS, etc. Le langage du cas était transposable dans toute
décision économique et d'entreprise et était l'espéranto économique du
monde qui n'a à être qu'un monde économique. Ces normes forment un
système de sèmes, de morphèmes, de phonèmes, de syntagmes qui ne
nécessitait plus d'être mis en doute puisqu'il était communément admis,
reconnu, utilisé par le décideur cardinal, l'investisseur placé à son
sommet. En parlant de lui-même, le Chairman et CEO de la Goldman Sachs a
dit, "qu'il
n'est qu'un banquier qui accomplit l'œuvre de Dieu" (I'm doing
God's work).
Même si tout dieu, du plus petit au plus grand, est toujours regardé au
final entre quatre yeux avec crainte, l'investisseur a été depuis 1989,
le dernier dieu en date, après avoir supplanté l'entrepreneur,
l'industriel, comme référent unique et structurant. L'investisseur avait
fini par incarner l'infaillibilité papale en gravissant au plus hautes
marches de la pyramide Ponzi et en se multimutualisant le moindre des
risques que pourraient comporter ses actes. La défaillance était inclue
dans le dernier cas possible, celui de l'infaillibilité des assurances
CDS adossées sur toute et la moindre des obligations de dette encourue.
Le dieu financier avait la chance de toujours être secondé depuis Adam
Smith par la main vibrante du marché, de la Richesse
des Nations qui s'occupait bienheureusement de manière "invisible"
de la bobologie des marchés clonés.
La chance qui a été donnée à
l'homme par Adam Smith, est qu'il dispose d'un genre de dieu qui bosse
pour lui, et que, quoique l'homme fasse de ses appétits personnels, il est
inclus par un humanisme automatique dans un système de grégarité qui ne
peut que relier les êtres dans de la congruence bénéfique pour tous et
renforcée ces dernières décennies par le trickle-down effect,
l'effet de percolation de l'École de Chicago, la manne de l'économie post-réelle qui crée des richesses, tend au plein-emploi et fonde la démocratie chez ceux qui ne l'ont pas encore ou qui cracheraient dans la soupe.
Redonnons la
parole à Adam Smith dans sa Recherche sur la nature et les causes de
la richesse des
nations, Livre IV, ch. 2, 1776: "À la vérité, son intention, en
général, n'est pas en cela de servir l'intérêt public, et il ne sait
même pas jusqu'à quel point il peut être utile à la société. En
préférant le succès de l'industrie nationale à celui de l'industrie
étrangère, il ne pense qu'à se donner personnellement une plus grande
sûreté ; et en dirigeant cette industrie de manière à ce que son produit
ait le plus de valeur possible, il ne pense qu'à son propre gain ; en
cela, comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une main
invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions ;
et ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus mal pour la société, que
cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant
que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière bien plus
efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour
but d'y travailler. Je n'ai jamais vu que ceux qui aspiraient, dans
leurs entreprises de commerce, à travailler pour le bien général, aient
fait beaucoup de bonnes choses. Il est vrai que cette belle passion
n'est pas très commune parmi les marchands, et qu'il ne faudrait pas de
longs discours pour les en guérir." Nous ne pouvons en vouloir au
dernier dieu en date, l'investisseur d'AIG ayant une participation
croisée avec la Goldman Sachs et la JP Morgan adossée sur le partenariat
des CDS d'avoir mené jusqu'à l'apothéose la pensée d'Adam Smith en
établissant à l'aide de la globalisation de l'OMC la symbiose respirante
de l'industrie nationale et de l'industrie étrangère commerçant
librement dans la Grande Maison du Grand Village de la
globalisation où plus personne n'était étranger.
A présent, alors que la société américaine est entrain de se désintégrer, il est de plus en plus courant de traduire en justice les "simples" banksters qui ne faisaient pas autre chose que de vaquer à leurs affaires ordinaires, puisque toute la société économique capitaliste américaine, mais aussi anglaise, irlandaise, islandaise, d'Abou Dabi, de Dubaï, était organisée sur la pyramide Ponzi avec laquelle les apports des nouveaux entrants étaient versés sous forme de dividendes aux investisseurs plus anciens. Le système d'accélération de la vélocité de l'argent pour financer à crédit des projets de spéculation sur des produits titrisés dérivés financiers suit tout autant le système Ponzi, comme le système adossé sur la réduction à la valeur quasi nulle des réserves fragmentaires et des Fonds Propres Réglementaires (CRD).
De plus en plus la colère du Mainstreet se forme contre Wall Street et s'organise dans les couches "plus élevées" de la société américaine pour dénoncer la "Wall Street criminality" ou pour dévoiler "The Truth About Rigged Market Capitalism". Les hordes d'avocats, payés par les déçus du capitalisme, n'hésitent pas non plus à accuser la Fed' en exposant dans des rapports de plusieurs milliers de pages "The Fed’s Complicity, Created Another Illegal Precedent In Abusing The Primary Dealer Credit Facility" ou encore "NY Fed Under Geithner Implicated in Lehman Accounting Fraud Allegation", "JPMorgan, Citigroup helped trigger Lehman collapse", "Lehman as Enron 2.0". On pourrait écrire des pages sur chacun des cas de cette criminalité financière, mais ce n'est pas l'objectif de mon site, je préfère traiter le fond des problèmes et ne pas créer de la bande passante web pour rien d'autre que des effets de mode. Mon lecteur n'a pas à chercher de la sensation, et doit déjà commencer par aller voter lors des Élections. Si l'on n'a pas de pouvoir, à partir de son appartement et de sa rue,
sur l'Internationale Goldman Sachs, on a tous un pouvoir sur la
politique en allant voter pour les alternatives politiques parlementaire
et de gouvernement qui existent et qui sont élaborées. Donc pour moi, tout un chacun est responsable de ne pas faire usage de la démocratie comme il se doit.
La Cour d'Appel de Manhattan a confirmé en mars 2010 la décision du tribunal en première instance d'août 2009 selon laquelle la Fed' est obligée de publier les noms de toutes les banques qu'elle a sauvées et le montant des sommes offertes. La plainte avait été déposée par l'agence de presse Bloomberg qui s'était fondée sur le Freedom for Information Act.
Je me suis attelé depuis quelques années à exposer la criminalité en bande organisée des organisations systémiques de la spéculation moderne sur les risques encourus volontairement sur l'octroi d'avalanches de crédits sans contrôle des garanties bancaires des emprunteurs. Pour que le système de spéculations fonctionne, il fallait titriser de plus en plus et de plus en plus vite des crédits subprimes, prime, Alt-A, et réaliser des opérations OTC, CDO, CDS, MBS, RMBS en les packageant dans des produits d'assurance qui se laissaient vendre sur les marchés financiers mondiaux tout autant, tout aussi vite et avec une amplitude tout autant croissante. L'inventeur lui-même des CDO / CDS, JP Morgan, avait prouvé que le risque systémique ne pouvait pas se calculer dans ce système universel de détournement de fonds qui ne pouvait que conduire à son effondrement. La crise des Subprimes a touché les emprunteurs NINJA (No Income, No Job, No Asset - sans revenus, sans emplois et sans garanties bancaires). La Crise des Alt-A et des Prime frappe maintenant avec toute sa violence les classes américaines qui ne peuvent plus rembourser elles aussi leurs crédits hypothécaires. Cette crise des Alt-A et des Primes atteindra son maximum en janvier 2012. La crise sera alors âgée de plus de 6 ans, soit deux années de plus que la seconde guerre mondiale... en ayant causé des dégâts économiques bien plus graves et durables... Oups, je me suis laissé aller au pessimisme.
Comme Secrétaire d’Etat au Trésor de Bill Clinton de 1999 à janvier
2001, c’était Larry Summers qui avait donné forme à la dérégulation financière qui a mené
à la crise actuelle. C’est lui qui avait joué le rôle prépondérant de
conseiller de Clinton qui avait révoqué le Glass-Steagall Act qui était en
vigueur depuis 1933. En 2000 Larry Summers a aussi signé avec Bill
Clinton le Commodity Futures Modernization
Act qui a catapulté sur les marchés financiers des trillions de produits
financiers dérivés qui peuvent être négociés entre les institutions
financières complètement en dehors de toute surveillance du gouvernement
et qui sont soustraits de l'impôt. Il s’agit des produits OTC (Over
the Counter) et des CDS
qui sont des contrats négociés de gré-à-gré appelés justement des "just-between-us",
en dehors de tout marché régulé et qui ne figurent jamais dans le bilan
comptable des partenaires de cet échange. AIG aussi a fait faillite à
cause des CDS. La valeur nominale des CDS / CDO / OTC a été de plus de
602 trillions de $, mais personne n'est capable de vraiment évaluer le
montant réel de ces produits dérivés en circulation ou cachés dans les
institutions financières sous forme de positions toxiques, puisqu'ils
sont négociés de gré-à-gré dans le Shadow
Financial Banking System, le Système bancaire fantôme.
Le bilan de
chacune des banques a été maquillé, la
part
de la bulle des CDS / CDO détenue par chacune de ces
banques n'a pas été évaluée parce qu'il est autorisé
actuellement
"d'assouplir" légalement les normes comptables
IFRS et des Recommandations de Bâle 2, afin d'enjoliver la
valeur au jour le jour du bilan (Zeitwertbilanzierung en
allemand, mark to market en anglais). Je vous entretiens
régulièrement de la falsification comptable légalement autorisée depuis 2
ans par les organismes internationaux des normes comptables. Il est bon
que le Wall
Street Journal le rappelle de temps en temps: sur ces 5
derniers trimestres, les banques américaines ont sous-évalué de 42%
leurs pertes. Pourquoi ne pas le faire quand le Secrétaire américain au
Trésor, Tim Geithner l'a fait publiquement avec son Stress
Test des 19 banques.
Larry Summers qui est l'un des ingénieurs financiers qui a échafaudé et
installé avec Alan Greenspan, Directeur de la Fed', et avec Robert Rubin
la colossale fraude et criminalité financière de ce système bancaire
fantôme, se trouve aujourd'hui dans le Conseil Économique de la Maison
Blanche où il fait diversion auprès d'Obama pour le faire disserter sur
la justice et la transparence dans le versement des bonus au lieu
d'interdire simplement ces négoces "just-between-us", ce qui serait une
mesure simple et radicale pour rétablir la confiance des marchés. Larry
Summers siège à la Maison Blanche où il garantit la continuité des liens
entre l'oligarchie financière, les décideurs politiques et
l'administration américaine. Larry Summers est l'instigateur des tous
les plans de bail-out des banques qui n'a fait que d'engraisser les
banques et d'aggraver
considérablement la crise en précipitant l'arrivé de
l'effondrement total. Le premier objectif de Larry Summers est de sauver
les banques d'investissement et leurs partenaires financiers, les
assurances.
Si Obama avait utilisé ses 100 jours de grâce offerts par son accès au pouvoir à White House pour nettoyer ostensiblement les poubelles sans en créer d'autres encore plus grandes, il aurait sûrement rejoint John F. Kennedy sur les routes de Dallas. Et de toute façon Obama est le mariole entreposé à la Maison Blanche par les lobbies de Wall Street. Obama a vite appris d'eux et en fait encore plus. Par contre, dans ce climat de désintégration de la société américaine, de l'abîme grandissant du chômage, de la Grande Dépression 2 qui s'annonce, il serait plus difficile de mettre un tueur à gage derrière chacun des milliers d'avocats et de cabinets d'avocats. Un lavage public du linge sale dans le cadre légal et de la justice pourra éviter une guerre civile... mais pas une guerre extérieure? L'Amérique est un pays de destin, qui s'en cherche toujours un plus grand à accomplir.
Oliver Stone a reporté d’avril à Septembre 2010 la sortie de son 2ème opus sur Wall Street intitulé „Wall Street 2“. Il semble que ce 2ème film doive être le présage du collapse imminent: "Wall Street 2: l’argent ne dort jamais". Gordon Geko, le rôle principal, est élargi après 23 années de détention. Ceci n’est que fiction parce qu’aucun trader convaincu de délit d’initié ou d’autre malversation n’a jamais été détenu aussi longtemps. Pour Oliver Stone il ne s’agit de rien d’autre dans son film que de l’effondrement du capitalisme, de l’effondrement de notre société. Dans le milieu financier on murmure qu’Oliver Stone est le meilleur indicateur boursier, bien qu’après son premier film "Wall Street" des bulles et des crises de plus en plus gigantesques se sont succédées. Et c’est justement à Wall Street qu’Oliver Stone et l’acteur central Michael Douglas sont devenus des légendes. Le poster de son film est devenu un genre d’icône de recrutement pour les terroristes financiers. Nous verrons en septembre ce que l'été 2010 nous aura enseigné. Gordon Geko disait sans cesse cette scansion: "Greed is good, Greed is right. Greed Works. This is the prevailing ideology at the time." (Greed = cupidité)
Du 9 au 11 avril 2010, Attac Deutschland organise une action pour mettre en évidence les causes de la crise financière, parce qu’autrement il n’existe personne ni aucune autorité (civile ou artistique et culturelle comme aux USA) qui pourra mettre les responsables devant leur responsabilité et leur demander de répondre de leurs actes. Attac a donc créé un grand Tribunal des banques et traduit symboliquement devant la justice la chancelière allemande Angela Merkel (CDU), son ministre des finances (SPD) de la Grande Koalition, Peer Steinbrück, l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, SPD, le Président de la Deutsche Bank, Josef Ackermann, le précédent Président de la banque centrale allemande, la Bundesbank, Hans Tietmeyer. Le chef d’accusation d’Attac est la dévastation de la démocratie, la préparation de la crise, la destruction de la base existentielle économique au Nord et au Sud, l’amplification de la crise. Les avis à comparaître ont été envoyés aux coupables présumés il y a une semaine. Les chefs d’accusation leur ont été signifiés ces derniers jours.
Attac ne veut pas se faire justice elle-même mais exposer de manière palpable par un public plus large les causes systémiques de la crise. Le Tribunal des banques va siéger du 9 au 11 avril 2010 au théâtre national de Berlin. Cette action sera l’un des points d’orge de la campagne d’Attac autour de la crise financière. Cette forme d’action de contestation remonte au Tribunal Russell de 1966 qui a été inventé par le mathématicien et philosophe britannique Lord Bertrand Russell pour enquêter sur les crimes de guerre américains commis lors de la guerre du Viêt-Nam.
Il est plus que temps que cette Court siège à Berlin parce que le système politique ne montre pas le moindre signe de l'autocritique. Et ce n'est pas la demande de l'impact de l'introduction de la taxe Tobin demandée par le Parlement Européen qui changera l'état d'âme des politiciens. Avec Solvency II, les politiciens montrent qu'ils autorisent encore plus aux investisseurs et aux assurances de cacher les risques simples et systémiques. Aujourd'hui même, Angela Merkel, à la quelle les députés SPD ont reproché le gouffre abyssal du déficit public, dont elle est responsable pour sauver les banques nationales, régionales et le second institut européen de crédit hypothécaire, Real Hypo Estate domicilié à Münich, a répondu qu'elle "a tiré les leçons du Gouvernement de la République de Weimar qui avait économisé au lieu d'investir dans le sauvetage et la relance".
Relance de quoi? Des banques? Comme d'habitude chez Attac, l'action en contestation sera suivi d'un forum alternatif dans lequel sera examinée et travaillée toute forme de réponse à donner à la crise et à la réorientation de l'économie et de la finance.
(Photo: JC Trichet, BCE) Les politiciens ne se lancent pas dans l'autocritique, ils préfèrent ne rien apprendre de la crise. La mantra salvatrice collective est: dévaluer, exporter et consommer. En bon français, ceci veut dire gagner des parts de marché en pratiquant la concurrence déloyale par la dévaluation de la devise. Dévaluer, exporter, consommer, parce que la demande intérieure ne suffit plus pour soutenir l'offre, la production et pour faire tourner les usines. Dans des moments de crise on se souvient qu'une économie fonctionne réellement par la demande et l'offre de biens réels. Donc, depuis la politique européenne des "Boîtes à outils", l'Europe se lance aussi dans le protectionnisme déconstructif. Justement une débat idéologique tente de renverser une croyance vieille de 80 ans: on essaye maintenant de prouver que la Grande Dépression faisant suite au krach de 29 n'a pas été due à un replis protectionniste, et qu'une retour à un certain protectionnisme pourrait actuellement remédier à la crise. Les gouvernements européens du Nord aimeraient aussi que l'Euro se dévalue pour booster leurs exportations. Pour y parvenir ils laissent pourrir la situation de la dette souveraine grecque et ébruitent ostensiblement leur envie d'exclure de la Zone Euro de tels pays incapables de respecter les critères de Maastricht. Ceci entrainerait un tel discrédit sur l'Euro qu'il s'effondrerait de lui même. L'Euro avait déjà servi à cacher une forte inflation à l'intérieur des pays membres et à faire effondrer la valeur réelle des salaires en Europe.
On entend partout "Don't waste a good crisis", dans un parfait langage pragmatique anglo-saxon depuis deux années: "Ne galvaudez pas les délices d'une bonne crise". Une fine crise peut agir sur les peuples comme un orage nettoyeur, peut rafraichir les états d'âme toridifiés et aider en passant à revisiter les dogmes et paradigmes à la mode. La crise peut mettre sous les feux de la rampe des zoracles inouïs et des modes de pensée alternatifs. Une crise peut animer des forces créatrices au sein des États.
"Quelle réponse de solution ces deux années d'autocritique ont-elles apportées depuis l'émergence de la crise?" Vous pouvez lire cette question dans la presse. Et déjà là commence le masquage de la réalité. La crise est déjà plus longue que la seconde guerre mondiale et a commencé en 2006 avec l'effondrement de la Bear Stearns aux USA et au Royaume Uni de la cinquième banque du pays, la Northern Rock. En guise de réponse nous allons laisser pour une fois les groupes industriels parmi lesquels une acquisition comme pour Kraft/Cadbury à un prix excessivement surévalué fait de nouveau partie de l'agenda du quotidien. Ne parlons pas non plus des banques et des hedge fonds qui poursuivent leur job as usual tant que l'État ne leur bidouille pas de manière explicite dans les tiroirs du meuble de la cuisine. On distribue aussi juste assez de bonus, de retraite chapô, de golden parachute pour tracer une voie à la cigüe de la colère populaire, mais on n'explique pas que depuis un an les salaires des banques ont augmenté de 30% depuis un an pour contourner la question des boni et pour qu'ils ne tombent pas sous les fourches de l'impôt spécial temporaire.
Ne parlons pas non plus des clients qui ont apparemment toujours une envie folle d'acquérir des produits financiers opaques, incompréhensibles, ce qui est toujours autant prouvé par l'offre intarissable et l'invention permanente de nouveaux produits.
Rendons-nous à quelques étages plus élevés directement au niveau souverain des États en regardant ce que les gouvernements ont à proposer comme recettes. Personne n'a l'envie de chercher la faute chez les acteurs financiers, chez les méchants spéculateurs qui restent inatteignables, ou chez les instruments de spéculation comme les CDS, les short sellings, les carry trades, les just-between-us des OTC, les détournements légaux des opérations hors bilan qui font 90% des transactions financières, mais tout le monde montre du doigt la Grèce et les PIGS.
Pour maitriser la crise, tous les pays entonnent en syntonie et masquent qu’ils forment un chœur: dévaluer la monnaie, augmenter l’exportation et stimuler la consommation. Il faut masquer l’effet de chœur parce qu’il leur faut dégager une marge opérationnelle sur le dos des partenaires commerciaux… à l’intérieur du commerce libre de l’Organisation Mondiale du Commerce. En 2001 les pays riches avaient compris qu’avec le refus du G21 des pays en développement et pauvres pilotés par la Chine lors de l’échec du Cycle de Doha, il leur était urgent de casser les relations multilatérales par une multiplication à l’infini d’accords bilatéraux appelés Accords de Partenariat Économique (APE) ou Accords de Libres Échanges qui sont en réalité le contraire du partenariat et de la liberté. Les APE et les ALE sont encore plus arrogants de la part des partenaires riches et plus inéquitables pour les pays pauvres. Les APE et ALE étaient accompagnés des AGCS+ et des Accords sur les ADPIC+. A présent, les pays riches reviennent à leurs vieilles amours, la haine concurrentielle, la concurrence déloyale libre et non faussée qui détruit les richesses et les emplois des autres pays. Tous les pays riches veulent exporter et vendre en même temps les mêmes biens aux mêmes demandeurs.
Croquignolesques sont aussi les anglo-saxons, avec actuellement Christine Lagarde en tête, qui reprochaient il y a dix ans aux allemands leur haut niveau salarial et les structures surannées, et qui aujourd’hui se heurtent à leur concurrence qu’ils prennent pour déloyale. Ils confondent causes et effets et font courir le bruit que les allemands imposent au monde leurs produits par force et qu’ils acculent les pays concurrents dans une impasse commerciale. Les français de l’intérieur sont très sensibles à cette vision du parl’être commercial franco-allemand. Christine Lagarde, ministre française des finances actuelle nous démontre actuellement avec brio son attitude anti-boche.
Il est désolant que ce consensus mondial sur l’absence de la demande existe dans les pays de gabegie, les pays émergents et les pays pauvres. Il est désolant que le prince-président français NS raille le terme de "Décroissance" comme une injure suprême faite à l’Homme, sans tenter de comprendre que la croissance est à requalifier et que le PIB, le vrai, peut se faire autrement et en respect des solidarités locales, régionales et globales. Il faudra réfléchir sur la faillite de la croissance adossée sur la dette qui n'est qu'une croissance destructrice et une croissance appauvrissante. N'est-il pas plus dramatique que la demande ne soit pas couverte par l'offre? Non. Le consensus d'économie politique est que le consommateur doivent ouvrir la bouche et tout happer avec sa pompe à vide. Le citoyen est le serviteur de l'économie, l'État Providence s'est transmuté en État Providence bancaire, le citoyen est devenu en plus le serviteur des banques-assurances et des hedge fonds. Le Travailleur est mort parce qu'il ne lui est plus reconnu de place, le Travail est mort parce qu'il n'est plus reconnu dans les pays riches. La crise est ici. Donc le protectionnisme destructif agressif est installé depuis 2001 par les pays riches, et depuis la crise le protectionnisme de rempart est installé chez les pays riches par les pays riches. La crise est ici. Ceci n'empêchera pas de porter la réflexion, non pas sur un "protectionnisme intelligent" comme en ont besoin les pays africains par exemple, mais sur le nécessité de manger en France en février du raisin de Nouvelle-Zélande dont le goût est alourdi par son emprunte carbone. Vous ne comprenez pas le "protectionnisme intelligent"? La Covec, l'entreprise d'État chinoise construit en Pologne une autoroute qui traverse tout le pays. Est-ce bon pour l'intégration économique régionale? Et que font les entreprises françaises en Afrique? Tout est-il bon pour l'intégration économique régionale?
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Depuis le 8 avril 2010, la Deutsche Bank se trouve effectivement devant les Tribunaux aux USA. Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu'un trader de la
Deutsche Bank et un Manager d’un Hedge Fonds Millenium Partners fassent
l’objet depuis le 8 avril 2010 d’une action en justice devant la Cour de
New York pour délit d’initié dans le cadre du négoce de produits
financiers dérivés. Ceci consiste un événement an soi parce que c’est la
première fois que la justice américaine examine une telle affaire pour
ces instruments financiers, les CDS – Credit Default Swaps qui ne font
pas l’objet de la moindre des régulations et qui sont des opérations
hors-bilan. L’issue de ce procès pourrait donner un signal fort dans la
manière de traiter ou même de réguler à l’avenir ces instruments
financiers qui sont des assurances sur les défaillances des crédits,
autrement dit la multimutualisation des risques des spéculateurs.
Le
négoce des ces CDS se fait de gré à gré et s'appelle en anglais de „just
between us“ (juste entre nous). Ces contrats entre investisseurs
et spéculateurs sont l’objet de critiques parce qu'ils sont la seule
cause de la plus grande faillite de toute l’histoire de l’humanité et
des USA, celle d’AIG, mais bien sûr de la Lehman Brothers, de JP Morgan
Chase,... et aussi de Chrysler, GM, Cerberus. N'importe qui peut émettre
des CDS sur n'importe quel crédit. C'est comme si je vendais des
assurances incendie sur votre maison dont vous êtes propriétaire et sans
que je ne vous en informe au minimum. En ce moment les CDS deviennent
de plus en plus connus du grand public, car les CDS sur les Obligations
d'État émis par le Trésor grec rendent ces Bons du Trésor très onéreux
pour le contribuable et potentiellement juteux pour l'investisseur
financier.
L'objet de la plainte contre les partenaires bancaires des CDS est un
emprunt émis en 2006 pour un groupe de média hollandais VNU. Le
régulateur américain chargé de surveiller les opérations boursières,
Securities and Exchange Commission – SEC, reproche au trader de la
Deutsche Bank d’avoir fourni des informations confidentielles à un
manager du Hedge Fonds Millenium Partners. Grâce à ces informations
confidentielles les CDS émis sur l’emprunt de la VNU ont augmenté de
manière substantielle et ont permis de réaliser un bénéfice de 900.000
euros. Sur ce schéma comportemental ci-dessous vous pouvez mieux
comprendre que l’émetteur de CDS a tout intérêt à ce que l’emprunteur et
titulaire d’un crédit tombe en faillite ou connaisse de graves
difficultés financières.
Les
CDS
sont une spéculation sur la défaillance et l'objectif du spéculateur
est d'attendre ou de provoquer la faillite de l'émetteur des
obligations. N'importe qui peut contracter une assurance sur les
défaillances de remboursement de n'importe qui, sans qu'il n'y ait la
moindre des relations entre eux. Le marché des CDS est hautement
spéculatif et volatile. Il reste malheureusement dans les pratiques
comme une référence sur la bonne foi des emprunteurs, mais il se
comporte aussi totalement indépendamment de la situation des titulaires
des obligations publiques comme les Bons du Trésor, les Obligations
d'État, ou privées, comme des CDO par exemple.
Les CDS sont des
yogourts pourris avec des vrais morceaux de fruits dedans. Pour vendre
de la pourriture - l'inventeur du CDS qui jouit du charisme nécessaire
sur les marchés financiers - empaquète de la pourriture représentant des
titrisations sur des créanciers qui ne jouissent pas de bonités
bancaires ou qui sont des junk-bonds. L'inventeur ajoute dans ce
yoghourt pourri un infime pourcentage de morceaux de fruits, c'est à
dire d'une assurance sur des créanciers de bonne foi, puis fait une
bonne publicité, et vend le CDS. La traçabilité finissait même par être
impossible à réaliser pour l'inventeur de ces CDS. Il y a aussi eu des
CDS-Square (au carré) ou des CDS-Cube (au cube). Et quand un CDS perdait
de la notoriété, on l'atomisait et on recollait les morceaux avec
d'autres CDS pour faire un nouveau CDS. Ce n'est toujours rien d'autre
que le schéma Ponzi. Au 28 février 2010 il y a un peu moins de 700
banques
aux USA qui sont au bord de la faillite, sauf si elles
sont capables de se recapitaliser sur les marchés
financiers...