Quo Vadis Ökonomik? / 1993-2011, "Crise financière", tous savaient mais voulaient profiter des "dividendes de la paix"
Par Thomas, le Cimbre le 23. décembre 2010, - Catégorie : Economie de bulles, crises systémiques, subprime - Lien permanent
Suite au commentaire N°5 que vient de m'écrire un expert financier sous mon article "CDS, CDO, OTC, RMBS - Deux décades perdues: le PIB furtif et fictif - Le PIB d'initié" je veux ici vous prouver que tout le monde avait participé à cette compromission universelle qui a créé ladite "Crise". Je vous livre un mélange d'extraits de coupures de presse qui remontent jusqu'à 1993 et sur lesquels s'était fondé mon enseignement dans le supérieur en DESS, Master 2 et Master Grande École, pendant 25 ans en réalité. Mes lectures n'étaient pas la presse de "gauche" ni Klapperstei 68, mais le quotidien allemand de centre-droit, la Frankfurter Allgemeine Zeitung - FAZ, ou la Tageszeitung qui est le quotidien à grand tirage de la gauche alternative berlinoise qui travaille souvent sur une ligne éditoriale commune avec le Monde Diplomatique français. (Photos: Iles Féroé, Velbastað, Atlantique Nord, été 2008)
Mélange d'articles de presse depuis 1993:
Quand j'étais envoyé en 1995 en mission d'étude à Iéna en Thüringe sur le "Aufschwung Ost", le décollage économique à l'Est, par le Goethe Institut, j'avais été étonné que les rayons de livres sur l'économie dans les librairies étaient en grande partie occupés par des collections sur les "Derivate", et je me doutais bien que cette mode subite pour l'enrichissement immédiat devait puer de partout. J'avais de suite eu l'intuition que le peuple des Montags-Demonstrationen (des manifestations du lundi) devant l'église Sankt Paulus de l'automne 1989 était entrain de se fourvoyer dans quelque chose et qu'il le faisait avec plus de détermination que les peuples des pays de l'ouest qui n'avaient pas un même comportement d'affamé. Chaque allemand de l'est était devenu en une nuit un manager. A Iéna je m'étais promis d'éclairer et d'avertir mes étudiants dans tous mes séminaires sur la "Neue Unordnung der Weltwirtschaft", le nouveau désordre de l'économie mondiale.
J'ai encore ces nouveaux missels de l'édition DTV appelés "Vermögen bilden und vermehren / Ratgeber für Ihr privates Finanzmanagement" (Créer ses biens et les multiplier / Conseils pour votre management financier personnel) ou bien "Alles über Finanzinnovationen / Geld verdienen mit kalkuliertem Risiko" (Tous sur les innovations financières / Gagner de l'argent avec un risque calculé). Je sentais bien que l'ouest s'intéressait au porte-monnaie des allemands de l'Est totalement crédules et béats devant la "soziale Marktwirtschaft", l'économie sociale de marché. Les mots Derivate et Kapital entraient par la grande porte dans les consciences et la dialectique shuntée des ménages est-allemands. Et dès la préface les auteurs avancent avec le "Money makes the world go round" ou bien avec "Dem Autor ist es gelungen, die scheinbar komplizierte Welt der Finanzinnovationen so leicht verständlich zu erhellen, dass auch bei 'Laien' recht schnell der 'Aha-Effekt' entsteht" (L'auteur est parvenu à éclaircir si facilement le monde apparemment compliqué des innovations financières, que même chez le non-initié cela fait très vite tilt).A Iéna j'avais rencontré Lothar Späth, ancien ministre-président du Baden-Württemberg, qui avait été nommé Directeur de Jena Glas - Jenoptik (anciennement VEB Carl Zeiss Jena) et dont la mission était de délocaliser le meilleur en Bavière. Mais celui qui m'avait surtout impressionné, c'était un jeune plombier qui s'était établi à son compte. Devant une bière, il m'avait passé le bras sur l'épaule en m'expliquant paternellement que "Napoleon, war der grösste Kapitalist, denn er hatte uns Industrie und Modernität beigebracht" (Napoléon était le plus grand capitaliste, il nous avait enseigné l'industrie et la modernité). Cet ancien jeune activiste communiste était passé au real-existierender Kapitalismus.
S'il n'y a pas eu d'écho et de débat sociétal et politique élargi sur les produits dérivés financiers, c'est que les partis de gauche et les syndicats ont tous cru à l'humanisme automatique du trickle down effect, de l'effet de percolation, sur lequel est bâti le Consensus de Washington. Les petites gens ont été vendues par les partis de gauche et par les syndicats. Les petites gens souffrent non seulement de la croissance appauvrissante qui a aussi sévi dans les pays industrialisés, mais souffrent aussi de leur propre sottise à avoir voulu se soumettre avec docilité consommée à la "globalisation". L'Europe a fourni à cette cuisson à l'étouffé des petites gens une étuve ramollissante avec ses Traités, ses Directives sur ladite "Libre Circulation" de tout et de plus encore. L'Europe avait aussi institutionnellement créé son cheval de Troie en accordant réglementairement avec un droit communautaire sophistiqué tous les opting-out, toutes les exemptions à ladite "Concurrence Libre et non faussée" au Royaume-Uni et à l'Irlande afin qu'ils en remontrent au Continent européen et qu'ils leurs enseignent dans quel sens doit aller la marche de l'Histoire, de la petite histoire commerciale dite européenne. Autrefois je passais pour un "rouge", mais n'ayant pas changé mon parler depuis au moins 1989, et étant rattrapé dans mes propos par le parl'être des médias vulgarisés, voire même par les journaux-minutes et la presse-confetti gratuite, quelle couleur ai-je aujourd'hui?
- 28 Septembre 1993: "Die Risiken moderner Finanzinstrumente / Misstrauen in die internationalen Finanzmärkte wächst"
Quotidien: FAZ - Franfurter Allgemeine Zeitung
Titre: Les risques de instruments financiers modernes / La méfiance vis-à-vis des marchés financiers internationaux grandit.
Quelques extraits traduits: Les nouvelles évolutions sur les marchés financiers ont copieusement nourri les débats lors de la réunion annuelle du FMI et de la Banque Mondiale. L'un des soucis concerne la croissance sans contrainte des chiffres d'affaire réalisés avec les ainsi nommés "instruments financiers dérivés". Les produits financiers dérivés des actions, des emprunts, des devises mènent une vie propre sur des marchés hautement sophistiqués. La croissance gigantesque des transactions faites avec les produits financiers dérivés n'apparait pas dans les bilans comptables des entreprises financières et des banques. Selon les estimations des experts, cette activité hors bilan est déjà quasiment aussi grande que l'activité traditionnelle qui figure dans le bilan comptable.
[note du traducteur: et ceci déjà en 1993! Vous comprenez alors pourquoi je parle de PIB fictif d'initié depuis des années, d'autant plus que pour acheter de tels produits financiers les banques sont allées à la banque centrale pour la pousser à faire de la création monétaire].
Des activités financières à risque qui n'apparaissent pas dans les bilans comptables éveillent naturellement la méfiance des autorités de contrôle. Il est une chance inouïe qu'aucun institut financier n'ait rencontré de difficultés sérieuses avec cette activité sur les produits dérivés. Les produits dérivés sont comme une lame de rasoir avec laquelle on peut tout autant se faire beau que se tuer.
. - 17 novembre 1994: "Die BuBa fürchtet die Derivate nicht / Einfluss auf die Geldmengenpolitik? "
Quotidien: FAZ - Frankfurter Allgemeine Zeitung
Titre: La Banque centrale allemande ne craint pas les produits dérivés / Influence sur la politique relative à la masse monétaire?
Quelques extraits traduits: Quand les acteurs du marché évaluent mal les risques des produits financiers dérivés, les prix sur les marchés financiers peuvent donner une mauvaise image des facteurs économiques globaux, voire une image totalement fausse.
[note du traducteur: c'est ce que j'appelle sur mon site "les deux décades perdues" en parlant du PIB. Je suis le seul sur le web à m'exprimer de la sorte sur les 20 dernières années. Pendant 20 ans, depuis la Chute du Mur de Berlin, on nous a fait croire à une croissance et une répartition des richesses, avec comme modèle les USA. Cela a été tout le contraire, les richesses sont allées du bas vers le haut, et je l'appelle le "trickle up effect" en écho au "trickle down effect" du Consensus de Washington.]
Il est ainsi concevable que des acteurs du marché prennent des positions à risque de manière consciente et à de seules fins spéculatives. Il est aussi possible que les risques des prix du marché se concentrent entre les mains d'une poignée d'acteurs du marché et que ceci puisse conduire à une crise financière d'une telle dimension qu'elle peut compromettre tout le système. Il est clair que le commerce des produits financiers dérivés est fait par un petit nombre de managers financiers actifs internationalement: ceci peut mener à un effet-de-domino si seulement un seul d'entre eux devait être défaillant. Si ces acteurs financiers sont dépassés par les événements et s'ils sont incapables d'évaluer leurs propres risques encourus sans en supporter eux-mêmes les conséquences négatives, ceci peut être dangereux pour tout le système. La Banque fédérale allemande rappelle que les produits dérivés ont été initialement inventés pour pallier aux perturbations sur les marchés financiers, et qu'ils ne sont pas du tout l'origine de ces perturbations. Aujourd'hui il n'est plus impensable que les dérivés aient une influence sur l'ampleur et sur la fréquence des perturbations sur les marchés financiers. Ainsi la Banque fédérale allemande va devoir s'adapter à l'avenir avec sa politique monétaire à une plus grande volatilité des marchés financiers due à la croissance des produits dérivés.
[Note du traducteur: C'est à la fin de 1998 que les premiers signes sont apparus que ces paquets de dérivés de crédits inventés par les banquiers de JP Morgan pouvaient être un problème structurel. Les inventeurs eux-mêmes de ces produits dérivés comme les CDS / CDO avait pourtant clairement publié et diffusé leur avertissements.]
. - 12 Mai 1995: "Die neuen Herren der Welt / Die Welt in Händen einer Bande verantwortungsloser Dreissigjähriger"
Quotidien: TAZ - Die Tageszeitung & Le Monde Diplomatique
Titre: Les nouveaux maîtres du monde / Le monde entre les mains d'une bande de trentenaires irresponsables.
Quelques extraits traduits: Qui sont à la fin du XXème siècle les vrais maîtres du monde? Qui détient véritablement le pouvoir derrière les coulisses des pays industrialisés et démocratiques? Dès que l'on pose de telles questions on arrive à la conclusion que les gouvernants issus de gigantesques campagnes électorales sont impuissants face aux nouvelles forces globales et dangereuses. Ces nouvelles forces ne disposent pourtant pas comme dans des romans visionnaires d'une cellule secrète de commandement, qui forge dans l'ombre son complot afin de prendre la direction du monde. Il s'agit plutôt de forces qui agissent sans gène dans la stricte application des dogmes néolibéraux. Elles obéissent exactement à des maximes: Liberté du commerce, privatisation, liberté des cours de change, concurrence, productivité. Leur slogan pourrait être le suivant: tous pouvoirs aux marchés.
Des empires économiques d'un nouveau type sont apparus, qui suivent leur propre lois, qui délocalisent les sites de production, qui permutent avec la vitesse de la lumière leur capital. Ils ne connaissent ni frontières, ni États, ni culture. Ils se moquent de la souveraineté nationale. Ils se contrefont des conséquences sociales. Ils spéculent contre des devises monétaires, provoquent des récessions, font tomber des gouvernements.
C'est comme un roman de Jorge Luis Borges: dans un empire lointain, une dominateur rutilant et funeste, ployant sous les attributs de son pouvoir et enfermé dans son palais somptueux, n'a pas pris conscience que le monde autour de lui a changé de manière imperceptible. Jusqu'au jour de la grande décision où il s'est aperçu à son grand étonnement que ses ordres ne résonnaient que comme des bruits vides et n'étaient pas exécutés. Le pouvoir s'était déplacé et le dominateur rutilant n'était plus maître du monde.
Nos gouvernements actuels, qui s'adonnent à d'enflammées joutes oratoires lors de campagnes électorales, savent-ils au moins que le pouvoir s'est déplacé à la fin de ce siècle? Que le pouvoir a quitté le lieu habituel du politique? Ne courent-ils pas le danger de ne livrer qu'un spectacle de leur impuissance. Ne vont-ils pas être poussés à la reddition, voire au renégat, pour finalement constater que le pouvoir se trouve en dehors de leur zone d'influence?
Des révolutions phénoménales économiques et techniques ont entrainé avec elles un doping des thèses ultralibérales comme celles du "Laissez-faire, Laissez aller". La Chute du Mur de Berlin, la disparition de l'empire soviétique et l'effondrement du régime communiste les ont encore renforcées. La révolution numérique a provoqué un big-bang au niveau de la bourse et des réseaux informatiques et a mis l'ordre du monde par dessus tête. En première ligne a été touché le monde de la finance parce qu'à l'avenir se réunissent dans celui-ci 4 caractéristiques pour former un modèle parfaitement adapté aux nouvelles technologies: le manque de consistance matérielle, la permutabilité, l'immédiateté et l'ubiquité. Ce sont des attributs divins qui conduisent irrévocablement à un nouveau culte, une nouvelle religion: la religion du marché. Toutes les bourses du monde sont interconnectées et fonctionnent comme une queue de comète. Non stop. Au même moment sont assis derrière leurs écrans des milliers de jeunes gens hautement diplômés et qui sont accrochés toute la journée au téléphone. Se sont les prélats ecclésiastiques du marché. Ils jettent les bases de la nouvelle raison économique qui a toujours raison et devant laquelle doivent se soumettre tous arguments d'ordre social ou humanitaire. La plupart du temps les marchés fonctionnement de manière aveugle en intégrant des paramètres qui pourraient provenir de la sorcellerie ou d'une psychologie vulgaire: l'économie qui fonctionne sur des bruits qui courent, sur l'analyse du comportement moutonnier et sur l'examen de la contagion par effet d'imitation. Sur ces nouvelles caractéristiques le marché spéculatif a aussi inventé des produits nouveaux, éphémères comme des complexes produits dérivés financiers.
[Note du traducteur: ces produits dérivés financiers sont des macédoines de particules d'autres produits dérivés et la traçabilité des constituants, des adjuvants, des colorants... est impossible. Ainsi les bad-bank ont toutes les peines du monde à comprendre les éléments qui les constituent et même une expertise au Carbone 14 révèle plus facilement l'ADN d'un mammouth de Sibérie. Des sociétés se sont spécialisées, sans doute comme celle de mon commentateur ci-dessus, à décrypter la matrix de ces produits dérivés pour séparer de la pourriture toxique ce qui pourrait éventuellement être "sauvable" et revendable sur le marché financier non encore effondré.]
Il n'existe sur la planète qu'une dizaine de personnes qui sachent exercer une influence sur les cours des changes, des actions ou des produits dérivés en en tirant profit. Ils passent pour être les "Maîtres des marchés". Un seul mot de l'un d'entre eux suffit pour faire effondrer la bourse de Tokyo ou le $.
[Note du traducteur: le monde ayant tiré la leçon des procès de Nuremberg, le secteur financier, aussi mégalomaniaque et égocentré qu'il soit, a préféré dépersonnaliser la responsabilité de la toute puissante omnipotente des Maîtres des marchés, et a préféré leur mettre des entités emblématiques mais non physiques, comme les agences de notations comme Ficht, Moody's, Standard & Poors. Vous voyez aussi que la Classe financière avait su mettre de son côté toujours victorieux la Lutte des Classes, alors qu'en même temps les partis de droite ridiculisaient et ringardisaient les derniers partis de gauche qui tentaient encore de prononcer le mot de lutte. Les uns gagnaient du temps pour leur donneurs d'ordre, les marchés libres, les autres faisaient perdre du temps au prolos et aux petites gens qui s'essayaient à l'actionnariat populaire].
Les pays ne peuvent plus rien entreprendre contre ces géants de la spéculation. Les PDG des fonds spéculatifs détiennent entre leurs mains une puissance financière inédite qu'aucun ministre de l'économie, qu'aucun directeur du FMI ou de la Banque Mondiale n'aura jamais. Un mouvement spéculatif inattendu des ces moloch de la spéculations peut immédiatement déstabiliser l'économie de n'importe quel pays de la planète.
Les politiciens des pays industrialisés se sont réunis à Davos en janvier 1995 au Forum Économique Mondial avec les 500 plus grands décideurs pour exprimer leur méfiance à l'égard de la nouvelle parole en vogue "La puissance aux marchés" et pour exprimer leur grande crainte qu'ils ont face à la puissance surhumaine des managers de fonds spéculatifs. Avec leur richesse qui est souvent cachée dans les paradis fiscaux il peuvent facilement se mettre au-dessus de tout gouvernement et ils peuvent agir selon leurs désirs dans la cyberspace de la géofinance. Cette cyberspace trace de nouvelles frontières, rejette d'autres régions, desquelles dépend le destin de la plus grande partie de la planète. Dans cette cyberspace n'existent pas de contrat social, ni sanction ni lois, en dehors de celles que ses protagonistes se fixent arbitrairement pour accéder au profit.
Selon Georges Sorros, "les marchés décident quotidiennement et les gouvernement sont contraints à prendre des mesures qui sont incontournables bien qu'impopulaires. Et c'est justement sur les marchés que se développe une certaine idée de l'État". Pour Raymond Barre, ancien premier ministre français et grand chantre du libéralisme économique, "on ne peut plus laisser le monde entre les mains d'une bande de trentenaires irresponsables". Pour Raymond Barre le système monétaire international ne dispose pas des moyens institutionnels pour s'opposer aux défis de la globalisation et de l'ouverture tous azimuts des marchés.
Les médias font partie des plus puissantes et des plus dangereuses nouvelles puissances. Le combat pour des records d'audience prend les aspects de combats homériques. Pour la première fois les informations sont diffusées en direction de la planète entières par l'intermédiaire de grands groupes comme CNN. Les grands médias vont réorienter radicalement les habitudes, les cultures, les modes de pensée, les débats. Il vont parasiter le langage et le comportement des politiciens ou les expulser de la scène publique. Ils vont jeter leur dévolu sur l'information, le bien le plus précieux de la démocratie.
[Note du traducteur: c'est pourquoi je vous ai fait régulièrement des essais sur mon site selon lesquels il ne peut y avoir de "liberté des marchés" car le principe de "l'information pure et parfaite" n'existe pas. Il ne peut y avoir qu'une concurrence librement faussée et donc tous Traités européens, dont le Traité de Lisbonne sur les "libres circulations", ne sont que des viols organisés avec l'apanage d'une prière religieuse et d'un acte de contrition. De manière plus caricaturale, abandonner l'information aux agences de notations qui n'examinent pas leurs sources mais qui laissent les fonds spéculatifs seuls responsables des informations qu'ils avancent, constitue une violation de la libre information. Les stress tests des banques américaines et européennes qui n'exposent pas la vérité sur la faillite réelle de tout le système bancaire mondiale et des banques en particulier, constituent une autre violation de la liberté de l'information. Ces stress-tests révèlent la reddition des gouvernements qui ne sont plus que des renégats au service des fonds spéculatifs.
Actuellement on parle beaucoup du plus grand fonds spéculatif du monde, le moloch PIMCO, dirigé par Bill Gross qui gère un portefeuille planétaire de placements de plus de 1000 milliards. PIMCO est la Global Investment Authority qui est crainte sur les marchés financiers comme par tous les gouvernements de la planète. PIMCO a la capacité d'entrainer le marché financier là où il veut. S'il investit une position, il est imité par les "concurrents" et les cours montent, s'il la délaisse, il est imité et les cours tombent encore plus vite. Un mot suffit. PIMCO a dans son siège à Newport Beach le studio de télévision pour le diffuser. L'un de ses experts, Neel Kashkari, était Secrétaire d'État américain et responsable du 1er Plan de Sauvetage TARP de 700 milliards de $ lancé par Bush/Paulson au début de ladite Crise. Un autre expert de PIMCO avait lancé le programme Obama/Geithner de rachat des actifs pourris appelé PPIP par le gouvernement US. PIMCO avait organisé la nationalisation des faillitaires Fannie Mae et Freddie Mac en 2008 sur la demande de Obama, le mariole de Wall Street. Fin de la note du traducteur]
La démocratie ne concerne pas les groupes de médias, tout comme les idées de bien commun, de justice sociale, de liberté, d'égalité. Ils n'ont pas de temps à perdre.
. - 14 août 1998: "Eine neue Klasse löst die alten Führungsschichten ab / Die Internationale Hyperbourgeoisie."
Quotidien: TAZ - Die Tageszeitung & Le Monde Diplomatique
Titre: Une nouvelle classe remplace les anciennes classes dirigeantes / L'Internationale de l'Hyperbourgeoisie.
Quelques extraits traduits: L'invention de l'univers libéral permet à une élite autoproclamée de flotter sur un océan d'hommes sous qualifiés. La puissance n'est plus mesurée à partir de l'étalon des États nationaux, mais à partir des directives des multinationales. Derrière les plus abstraits des capitaux se construit un nouveau système de valeurs qui initie les objectifs symboliques, politiques et sociétaux. Une nouvelle couche dirigeante est entrain de prendre forme.
Il y a trois raisons qui expliquent pourquoi l'hyper-bourgeoisie remplace la vieille bourgeoisie établie.
- Quand la logique capitaliste met au sommet du système de valeurs des personnes qui attisent la circulation des capitaux plutôt que celles qui créent des valeurs, le ranking se déplace de la bourgeoisie productive vers la bourgeoisie qui place les capitaux. Ce qui compte à présent ne sont plus les diplômes et la qualification, mais la capacité à maîtriser le spectacle des médias et à fasciner les masses.
- Quand la circulation est plus importante que la production, la croissance nette s'affaiblit, et après les pics de conjoncture suivent les faillites d'entreprises. L'hyperbourgeoisie ne fonde pas son existence sur un excédent opérationnel durable, mais sur une nouvelle répartition du gâteau qui ne s'est pas agrandi.
- Quand l'hyperbourgeoisie prend les leviers de commande, elle occupe les fonctions de l'ancienne bourgeoisie mais de manière globale sur toute la planète. Nous savons des militaires que la force d'une armée ne dépend pas de la taille de son commandement. Une dizaine de milliers d'officiers ne peut décider un mouvement de troupe, qu'elle soit formée de 10000 soldats ou de 10 millions. Des fonctions subalternes ne sont maintenues que tant qu'il n'existe pas d'interfaces innovants qui puissent concentrer de plus en plus d'informations provenant des lieux de batailles vers un seul étage de chefs qui peut donner simultanément un nombre incalculable d'ordres. Il n'y a pas de carence de ce genre de nouvelles interfaces avec la saisie et le traitement numérisé des données, avec la mise en réseau, avec le management rationnel. La cellule de commandement de l'hyperbourgeoisie a besoin d'une économie mondiale simplifiée et a relégué les vieux centres locaux.
La mutation des élites signifie littéralement une déflation culturelle, dans la mesure où les valeurs morales relatives à l'argent deviennent de plus en plus primitives, parce qu'elles n'éprouvent aucune obligation face à la société. L'hyperbourgeoisie dévalue dans un révisionnisme de l'histoire en premier la culture du citoyen ayant le sens de l'État. Les décideurs des grands groupes économique n'ont aucune idée des conséquences sociales et politiques de leurs décisions mais affichent volontier la dimension globale de leurs responsabilités.
L'hyperbourgeoisie est un facteur anticulturel. Parce qu'elle attribue la plus grande importance aux mouvements de capitaux qui peuvent influencer le bien-être de continents entiers, l'hyperbourgeoisie est une hyperclasse fonctionnelle qui est contre tout ce qui peut freiner cette mutation du sens des valeurs. L'hyperbourgeoisie est iconoclaste parce que l'ultime objectif de l'argent est de dématérialiser dans la Bourse le monde des objets et des choses, ce qui est la dernière preuve de sa capacité à ruiner tous les autres. A cause de son ignorance gigantesque, l'hyperbourgeoisie est incapable de reconnaître sa propre propension effrénée à la domination qu'elle met en œuvre de manière brutale et sauvage et avec laquelle elle met tout le monde en danger.
[Note du traducteur: le monde ayant tiré la leçon des procès de Nuremberg suite à l'anéantissement de la planète par un groupe identifié, le secteur financier de l'hyperbourgeoisie a préféré dépersonnaliser la responsabilité de sa puissance omnipotente de Maître des marchés en créant la titrisation de produits financiers en CDS/CDO, MBS, RMBS, etc, qui sont eux-mêmes des dématérialisations de réalités financières comme des actions boursières, des emprunts, des devises monétaires, des Bons du Trésor, etc, sur lesquels ils feignent de s'appuyer. Le CDS est un Credit Default Swap, une assurance contractée sur une valeur, alors que vous ne possédez même pas cette valeur. C'est comme un assurance que vous avez contractée sur la maison de votre voisin. Vous avez tout intérêt à ce qu'elle brûle pour empocher la prime, ou vous pouvez revendre votre assurance avec une marge en faisant du mobbing érudit contre votre voisin. La bulle des CDS avait été évaluée au début de ladite "Crise" à 605.000 milliards de $ (605 trillions), le PIB américain étant de 14000 milliards. Et toutes ces valeurs titrisées sont des opération OTC - Over The Counter, qui ne laissent pas de traces, parce qu'elles sont négociées de gré à gré et qu'elles sont extrabilancielles. Il est quasi impossible de discerner dans la matrix qui composent les CDS / CDO, les morceaux d'actions, de devises, d'emprunts sur lesquels ils feignent de se reposer. Mais, s'il vous plait ne tombez pas dans la théorie du complot pour assouvir votre besoin d'explication et de faire rendre des comptes. Il vaut mieux alors s'adonner à la 'pataphysique et discerner le régime particulier du régime général. Mais pour vendre ces produits titrisés, il avait fallu faire faire par la banque centrale de la création monétaire qui n'a nourri que la bulle de la spéculation au lieu de mettre à disposition les moyens financiers pour réaliser des projets de société ou d'entreprise.]
. - 11 Décembre 1998: "Das Schweigen des Finanzkapitalismus."
Quotidien: TAZ - Die Tageszeitung & Le Monde Diplomatique
Titre: Le silence du capital financier.
Quelques extraits traduits: La libéralisation des mouvements de capitaux représente une arme idéale contre le contrat social. On peut très efficacement la mettre en œuvre pour torpiller les mesures progressistes prises par les États. Si un Etat décide de stimuler son économie nationale ou d'investir plus dans son système de santé, une fuite des capitaux est immédiatement déclenchée pour punir cet État pour son erreur d'avoir pris de telles mesures. Au regard de la mobilité des capitaux, on peut déjà parler d'une instance supérieure virtuelle dans laquelle siègent des directeurs économiques qui décident seuls au travers de leurs transactions financières du destin des mesures économiques et sociales des États.
[Notes du traducteur: c'est fabuleux, on n'a plus besoin de dictateur, la force supérieure n'a plus de forme identitaire ni d'ennemis, les peuples n'ont pas d'adversaire et se soumettent en n'ayant même plus l'imagination qu'il existe autre chose à défaut d'exister de par eux-mêmes.]
. - 15 janvier 1999: "Tobin-Steuer und die Rezepte gegen den Krisenvirus / Kontrolle der Kapitalströme ist ein Gebot der Demokratie."
Quotidien: TAZ - Die Tageszeitung & Le Monde Diplomatique
Titre: La taxe Tobin et les recettes contre le virus de la crise / Le contrôle des flux des capitaux est une exigence de la démocratie.
Quelques extraits traduits: L'ouverture incontrôlée des marchés pour le capital privé transnational a permis la totale liberté de mouvement des capitaux. La crise des marchés financiers à plongé 40% de la population mondiale dans la récession et profondément perturbé le FMI, la Banque Mondiale, l'OMC, l'OCDE qui parlent tous de réformes mais qui ne s'attaquent pas au mal fondamental. On pourra seulement parler de bien commun avec la taxation sur toutes les formes de transactions, avec le contrôle des flux monétaires et des devises, avec l'obligation à la transparence et avec l'abolition des paradis fiscaux.
Un mexicain sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté depuis le krach financier de l'hiver 1994/95 (ndtr: donc depuis 4 ans lors de la rédaction de cet article de la TAZ). La famine et la malnutrition se répandent en Indonésie, en Russie l'espérance de vie a chuté de 7 années après 10 ans de libéralisme économique et en Inde, en Corée du Sud en Thaïlande il y a de plus en plus de "suicides-FMI", des travailleurs jetés à la rue qui ne peuvent plus nourrir leur famille et qui entrainent dans la mort femme et enfants.
La justice est un mot inconnu pour la finance internationale alors que la criminalité collective est récompensée: les paquets de sauvetage et de bail-out du FMI sont attribués en premier lieu aux grands spéculateurs et aux éléments mafieux. Les entreprises transnationales et les élites locales peuvent acheter d'intéressants produits à de vils prix dans des économies nationales qui sont attaquées par la crise. Mais le virus de la crise et la déstabilisation économique pourraient tout autant atteindre les pays riches et industrialisés qui les ont créés.
La crise financière et boursière, mais aussi les négociations (secrètes de 1994 à 1997) ratées de l'OCDE sur l'Accord Multilatéral sur l'Investissement (AMI) ont fortement ébranlé la certitude néolibérale. C'est ainsi que peut démarrer une discussion sérieuse sur des solutions alternatives. En tant que citoyens, nous devons occuper le terrain des débats, comme le fait déjà l'Association pour la taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens (Attac) et l'Initiative française et internationale contre l'AMI. Une taxation conséquente sur toutes formes de transactions financières réduirait leur volume et leur fréquence, en sachant qu'elles ne créent de toute manière aucune réelle croissance de richesse.
[Note du traducteur: Les négociations de l'AMI avaient échoué, l'AMI avait été abandonné, mais comme le Traité de Lisbonne (TSE) qui avait repris en totalité le Titre III du Traité Constitutionnel Européen (TCE), presque toutes les clauses de l'AMI sont passées dans les clauses de l'OMC, et dans les 14 accords connexes de l'OMC négociés secrètement comme l'AGCS et l'AGCS+, et l'ADPIC et l'ADPIC+, et comme dans les APE / ALE et les Directives européennes sur la Libre circulation des capitaux, sur le Libre établissement et les services (Bolkenstein) et comme avec les jugements de la Cour Européenne de Justice (CJE / CJCE) avec les affaires Laval, Viking, Partneri, Rueffert, Vaxholm, etc...
Ci-dessous repris du Wiki, la liste non-exhaustive des critiques faites à ce projet AMI qui permettait:
* à une multinationale d'assigner en justice des gouvernements pratiquant le protectionnisme ou la préférence nationale, établissant des différences de traitement suivant la nationalité de l'investisseur ou créant des conditions de concurrence déloyale ;
* à une entreprise de tenir le gouvernement pour responsable de toute entrave à son activité (ex : manifestations, grèves…) ; l'État se retrouve donc le responsable légal et est obligé d'indemniser l'entreprise.
L'accord AMI remettait en cause:
* diverses lois d'aides aux régions en retard de développement ;
* certaines lois d'aide à l'emploi, pour les travailleurs handicapés par exemple ;
* des lois sur la protection de l'environnement ;
* des lois favorisant le développement local, notamment dans les pays du Sud ;
* la Convention de Lomé favorisant les anciennes colonies d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ;
* le principe de souveraineté nationale.
L'AMI introduisait diverses obligations pour les gouvernements mais aucune pour les investisseurs. En 2010 nous en sommes au même stade, les gouvernements ayant même intégré dans leur tâche régalienne de renforcer l'État Providence Bancaire et de sauver systématiquement tout le système bancaire et financier en faillite en en faisant payer totalement la charge sur les peuples et les contribuables, en appliquant d'énormes plans d'austérité, en faisant passer toute la dette privée des banques dans la dette publique. Nous assistons au plus grand transfert de toute l'histoire de l'humanité de la dette privée vers la dette publique. <<< fin de cette note du traducteur ]
Les entreprises transnationales sont devenues des experts en matière d'évasion fiscale. Selon l'agence gouvernementale américaine de statistiques (USGAO) 75% de ces entreprises ne payent pas d'impôts, ceci aussi à cause des prix de transferts manipulés. Les pays industrialisés qui laissent vagabonder sur la planète des quantités monétaires gigantesques et qui les offrent ainsi aux traders de la Bourse, préparent le terrain à des réactions en chaine qui vont déstabiliser les marchés financiers.
La circulation de l'argent sale en provenance des activités criminelles domiciliées dans les paradis fiscaux, qui est investi et blanchi dans les pays industrialisés ou émergents, n'est pas réprimée. Il existe pourtant un système de contrôle et de répression, il ne reste plus qu'aux gouvernements de le mettre en ouvre. Ce système a été élaboré sur les recommandations de l'association de juges et de procureurs généraux européens de l'Appel de Genève (Magistrats européens pour la Démocratie et les Libertés - MEDEL).
Les discours sur la déréglementation sont fallacieux, il s'agit de l'incompétence du FMI, de la Banque Mondiale, de l'OMC. Derrière ces propos en vogue sur la déréglementation on essaye de masquer la tentative d'instaurer un ordre mondial pleinement réglementé par et pour les entreprises transnationales, pour lesquelles une protection active est offerte par le FMI, la Banque Mondiale et l'Organisation Mondiale du Commerce. Jusqu'à présent toutes ces institutions internationales se sont opposées à toute démocratisation. Et à leur incompétence dans la gestion des dernières crises s'ajoute leur incapacité de les prévoir. La recette patentée du FMI - Fonds Monétaire International consiste à socialiser dans les pays industrialisés les pertes sur le dos des contribuables et à privatiser les bénéfices au profit des spéculateurs. Pour ces derniers il existe toujours la liberté de retirer leur profit des pays en crise et d'amasser ainsi des richesses colossales.
Il existe une sainte alliance de l'ONU au profit des entreprises transnationales. Les directions de l'ONU, de ses organisations qui en dépendent, des institutions internationales se mettent de plus en plus au service du capital transnational. La nouvelle sainte alliance est forgée à des tables rondes, dont la légitimité autoproclamée se fonde en réalité sur des manœuvres et des propagandes des lobbies. Le Secrétaire Général de l'ONU, Kofi Annan, soutient officiellement le Forum Economique Mondial - WEF de Davos, le Transatlantic Business Dialogue - TABD, le Geneva Business Dialogue, d'où le sobriquet de NesKofi Annan.
. - Et après tout ceci il y a eu au début des années 2000 la crise DotCom, Worldcom, Enron, Kirsch, Parmalat, etc dans laquelle la bulle spéculative de la cupidité avait été créée et accélérée par les commissaires aux comptes qui publiaient sans les vérifier les chiffres comptables et les rapports d'activité que voulaient bien leur produire leurs donneurs d'ordre, les entreprises elles-mêmes. Puis il y a depuis juin 2006 la crise "des Subprimes" et ladite Crise financière, dans laquelle la bulle spéculative avait été créée et accélérée par les agences de notations qui donnaient une note, le triple-A, le AAA, aux banques, aux assurances et aux fonds spéculatifs sur la base des bilans comptables et des rapports
d'activité que voulaient bien leur produire leurs donneurs d'ordre comme les
banques, les assurances, etc... elles-mêmes.
(Photo: webcam Helsinki 27 XII 2010 à 15:36)
.
Commentaires
Si j’ai bien compris ton article les financiers, grands prédateurs criminels, affameurs des peuples sont intouchables. Ils ne répondront jamais devant le TPI. Ce dernier serait un paravent donnant bonne conscience que l’on réserve au menu fretin et à quelques roitelets locaux. Alain
C,est véritablement désespérant, comment les personnes qui nous dirigent pensent elles s'en sortir lorsque tout va s'écrouler ?
Toute les personnes '' informées '' savent que les dettes ne seront pas payées, donc toutes les usines a gaz mises en place depuis 1945 ainsi que toutes les organisations mondialistes devraient tomber avec l'écroulement du systeme financier.
pensez-vous qu'un nouveau départ soit possible ?
Cordialement
Marianne
Pas de reprise économique
>>>
le Baltic Dry Index est à son plus bas historique et ce n'est pas fini selon les spécialistes
http://www.wikinvest.com/wikinvest/...
http://www.wikinvest.com/index/Balt...