Californie: suicide collectif par référendum - Chaos financier, cessation de paiement, banqueroute d'Etat
Par Thomas, le Cimbre le 20. mai 2009, - Catégorie : Economie de bulles, crises systémiques, subprime - Lien permanent
L'idéologie rend sourd et aveugle mais pas muet. La bouche est l'organe d'où sortent les productions humaines, en ce moment surtout le mensonge collectif. Pour le système ordolibéral, la crise n'est qu'une rebuffade dont le monde se relève déjà. La preuve se trouve dans la remontée des cours à Wall Street. Cette remontée n'est qu'un Green Shoot, comme il y en avait eu après 1929 et jusqu'en 1932. Avant la Grande Dépression qui avait suivi aux USA le krach boursier de 1929, la bourse était remontée de 150%.
Dès 1990, j'ai décrit la Chute du Mur et du Wall dans un Voyage au Trou du Langage intitulé "La Mort des andrènes". Les andrènes sont des abeilles solitaires qui vivent seules dans un trou creusé à terre. J'avais comparé ces andrènes à tous ces détenteurs d'idéologie qui ne s'harmonisent pas avec le monde, le monde planète recouverte de gens, dans lequel ils refusent de se soumettre. Dès le 15 IX 2008 j'ai écrit que la faillite de la Lehman Brothers était enfin cette chute du Mur à l'Ouest que j'attendais depuis 20 ans. Pendant longtemps j'étais le seul à comprendre que la chute de la Lehman était cette Chute du Mur de Berlin. (Photo: Monument aux Morts, "Plateau de Californie")
Pendant
3 semaines après le 15 IX 2008, j'écrivais et je disais que, puis qu'il
n'y a plus d'idéologie capitaliste ou sowjetiste, nous allons enfin
nous parler. Puis il y a eu les Sommets des pokers menteurs du G20 de
Washington de novembre 08, du Sommet européen, du G20 de Londres du 2
avril 09, de l'Otan de Strasbourg du 4 avril 09, et le PLan-(s)
Européen-(s) avec ses "Boîtes à Outils", les Plans de
Sauvetage, de Restitution de la Confiance, les Plans américains TARP,
TALF, PPIP, etc... qui injectent des milliers de milliards de $ dans
les banques, dans les "industries clefs" victimes ou impactées d'elles-mêmes par leur spéculation systémique.
Même
Porsche demande en Allemagne une aide de l'État pour s'être endetté de
9 milliards d'euros pour pouvoir acquérir 51% de VW. A la fin mars 2009, Porsche était en réalité en faillite et a reçu un crédit de VW. Du coup c'est VW
qui va absorber Porsche qui ne peut rembourser. Le scénario a été le
même entre Schaeffler et Continental. Greed, la cupidité. La Californie était pionnière dans le développement des subprimes et des crédits pourris dès le 1er jour. Comme économie nationale, la Californie est au 5ème rang mondial, ex-æquo avec la France.
Très
rapidement j'avais aussi compris après quelques semaines qui ont suivi
le 15 IX 2008, que, puisqu'il n'y a plus d'idéologie, il n'y aura plus
qu'un maillage d'allégeances utiles et tribales à un fort en gueule qui
occupe son autorité dans une zone opérationnelle: au travail, à
l'Université, dans les Associations. L'étalon est les affaires, ceci
n'a plus besoin d'être sous couvert d'idéologie.
Les Plans
Geithner-Brown-Merkel ne sont que des mauvais médicaments administrés
au faux malade après une mauvaise analyse et un faux diagnostique. On
purge les milliers de milliards de positions toxiques des banques,
assurances et des CDS / CDO / LBO avec la taxpayer money et les
déficits budgétaires cumulés qui ne seront remboursés que vers 2039
(deux mille trente neuf) en hypothéquant l'avenir de deux générations
et tout ceci seulement à cause du vol commis par le système de
spéculation systémique sur le risque et pour prétendre offrir des
rendements de 25% pour une petite partie dans les populations. Ces chefs de gang
imposent deux décades de misère qui s'ajoutent aux deux décades perdues
depuis les enseignements de la Chute du Mur de Berlin qui n'ont jamais
été formulés, voire simplement perçus.
Dès le 15 IX 2009
j'écrivais que depuis le Chute du Mur, nous avons derrière nous deux
décades perdues où nous aurions pu créer un autre monde avec les
enseignements des erreurs des deux idéologiques principales déchue ou
en déchéance.
Le peuple américain est le peuple qui arrive à
se mentir le plus fort et de manière la plus audible. Ce n'est que le
dernier hallali avant le lemming run. Le mensonge le plus médiatisé et
planétaire a été fait la semaine dernière avec la publication
du Stress Test, le Stress de Résistance des banques américaines conçu et manipulé par Timothée Geithner,
Secrétaire US au Trésor. Le Stress de Résistance des banques
américaines, qui ont toutes été renflouées par le Trésor américain, n'a
rien d'alarmant, ça va. Les deux grands instituts de crédit
hypothécaire américains, la Fannie Mae et la Freddie Mac, ont déjà été
renflouées sept fois depuis septembre, mais ça va. Les milliers de
milliards sont pompés dans l'économie, mais il n'y a pas d'effet de
ralentissement de la récession. C'est la trappe à liquidité qui prépare
l'hyperinflation, mais ça va. Depuis 10 mois les USA perdent par mois
entre 500.000 et 600.000 emplois, mais ça va.
Jusqu'à
présent nous pouvions attribuer aux gouvernants ces fausses politiques
avec les faux médicaments administrés au faux malades. Mais hier, les
USA viennent de franchir un pas. C'est l'expression populaire par voie
de référendum qui a perpétré le mensonge collectif avec un énorme effet
de levier.
Depuis novembre 2008 nous savons que la Californie est en banqueroute d'État comme l'Islande ou comme 44 autres États fédéraux américains (Graphique à droite). La Californie ne paye ses dépenses qu'avec des reconnaissances de dette appelées IOU (I owe you
- je te dois). Ce sont des torchons avec le tampon officiel. La
Californie s'est fait aussi racheter par la Fed', ces papiers en
échange d'argent créé in subito par Paper Mil on the Potomac, la
planche à billets. La Californie, l'Oregon
et l'Arkansas sont en situation de faillite technique depuis novembre
2008 et attendent de l'annoncer. Ce n'est pas grave, ça va encore
aller, parce que la Fed' vient d'annoncer aujourd'hui 20 mai 2009,
qu'elle va racheter pour 1000 (mille) milliards d'emprunts d'État. Pour
cela La planche à biller va être accélérée. Ceci n'est pas du
keynésianisme, c'est de la contrefaçon de billets de banque, mais les
agences de notation préfèrent dégrader l'Espagne, la Grèce, l'Autriche
dans leur poker dénonceur.
Le 19 décembre 2008, Arnold Schwarzenegger déclarait que "l'État de Californie se trouve en état d'urgence fiscale",
ce qui lui avait permis de convoquer les parlementaires californiens
pour une session extraordinaire afin de débattre des finances précaires
de l'État, au budget duquel "il manquait 40 milliards de dollars pour l'année fiscale en cours et celle à venir",
la Californie risquant de manquer de liquidités dès le mois de février
2009, si Arnold Schwarzenegger et le Parlement californien ne
parviennaient pas à s'entendre sur un programme de réduction du déficit
budgétaire. Le 15 janvier 2009, dans son discours annuel sur l’état de
l’État devant le Parlement californien, Arnold Schwarzenegger déclarait
que la Californie risquait "la cessation de paiement d'ici quelques semaines"
et qu'il était prêt à geler des dépenses le temps de conclure un accord
permettant de combler le déficit budgétaire, le gouverneur républicain
et la majorité démocrate de l'assemblée de l'État étant toujours en
désaccord sur les moyens pour résoudre ce problème financier. A
l'occasion de son discours, Arnold Schwarzenegger déclarait: "Cela
n'a aucun sens de parler d'éducation, d'infrastructures, d'eau, de
réforme du système de protection santé et de ce genre de sujets alors
que nous sommes face à un énorme déficit budgétaire. La réalité, c'est
que notre État sera handicapé tant que nous n'aurons pas résolu la
crise budgétaire. La vérité, c'est que la Californie est en état
d'urgence."
Le Gouverneur de Californie avait appelé hier,
mardi 19 mai 209, les californiens à s'exprimer sur 6 questions
relatives à une politique budgétaire et fiscale drastique. Sur les 7
questions posées par le référendum, les californiens en ont rejetées 6
avec une majorité allant de 60 à 65%. Seule la réduction des salaires
des élus a été approuvée à 72%.
Selon le San Francisco Chronicle
les californiens se sont prononcés contre le paquet de mesures devant
permettre de réduire le déficit public de la Californie. L'augmentation
de l'imposition et de nouveaux emprunts ont été rejetés. Ces mesures
auraient dû apporter à l'État 6 milliards de $. Arnolod Schwarenegger
avait prévenu que le Non des électeurs ferait passer le déficit
budgétaire de la Californie à 26 milliards de $. Le déficit budgétaire
californien augmente de 2 milliards par mois, malgré toutes les mesures
déjà prises depuis l'automne 2008. Les fonctionnaires avaient dû
accepter une réduction de salaire de presque 20% avec des jours chômés
non payés. Les licenciements dans les services publics, les arrêts des
travaux d'infrastructure des écoles, des hôpitaux, des voiries, les
coupes budgétaires dans les services sociaux, de santé et de retraite
ne permettent même pas d'infléchir l'effondrement.
Arnold
Schwarzenegger est un Républicain. En 2003, l'un des premiers actes en
tant que Gouverneur de la Californie a été pour Arnold Schwarzenegger
de réduire les impôts. À l'occasion d'un discours prononcé à la
Convention nationale républicaine de 2004, à New York, Schwarzenegger a
expliqué dans quelles circonstances il s'est positionné politiquement,
dès son arrivée aux États-Unis d'Amérique: "Je suis finalement
arrivé ici en 1968. Quelle journée spéciale c'était [sic]. Je me
souviens de mon arrivée ici avec les poches vides, mais plein de rêves,
plein de détermination, plein de désir. La campagne présidentielle
battait son plein. Je me souviens regardant le duel présidentiel
Nixon-Humphrey à la télévision. Un de mes amis parlant l'allemand et
l'anglais traduisait pour moi. J'ai entendu Humphrey dire des choses
sonnant comme le socialisme, que je venais de quitter. Mais ensuite,
j'ai entendu parler Nixon. Il parlait de la libre entreprise [...], de
réduire les impôts et de renforcer l'armée. À écouter Nixon parler,
cela sonnait plus comme une bouffée d'air frais. J'ai dit à mon ami,
j'ai dit : "De quel parti est-il?". Mon ami a dit : 'Il est
républicain.'. J'ai dit: Alors, je suis un républicain.. Et j'ai été un
républicain depuis." Argent, célébrité et marketing avaient dominé
sa campagne électorale, au détriment des idées politiques, le programme
de Schwarzenegger était essentiellement basé sur la dénonciation des
excès de dépenses et de taxes attribués au gouvernement sortant. Pour
son second mandat, Arnold Schwarzenegger avait déclaré: "Je suis à
l'aise dans le parti qui milite pour moins de gouvernement, plus de
secteur privé, un parti qui croit à plus de libertés et laisse les gens
faire des affaires sans que le gouvernement mette des lois, des impôts
et des taxes en travers de leur route. Je suis du parti qui croit à une
armée puissante, qui défend l'ordre et la loi, punit les criminels, y
compris par la peine de mort." Le rejet du référendum de
Schwarzenegger le 19 mai reste d'une logique
sans merci. La Californie, républicaine ou démocrate souvent
bipartisane à 50/50 (Gouverneur/Congrès), reste fidèle à elle-même,
mais
a décidé de s'opérer par un suicide collectif terminé par le bail out
final de la Fed'.
Le lobby des groupes d'intérêts dénonçant
l'imposition et toute forme d'État en général a donc gagné en
Californie contre le pape culturiste de la libre-entreprise. Mais l'ère
des dettes payées par les Bons du Trésor (Bonds) vendus autour de la
planète est révolue et les agences de notation ont encore dégradé la
bonne foi de la Californie qui est en réalité le 1er État fédéral américain qui ne reçoit plus que A2. Cette notation est un évènement capital qui passe totalement inaperçu dans sa gravité même si Bloomberg.com le révèle de cette manière simplement comptable et sans un mot de plus: "The
three major credit rating companies, citing the magnitude of
California’s deficits, reduced the grades on more than $46 billion of
bonds in February and March. Now, California’s full faith and credit
pledge is rated A by Standard & Poor’s and an equivalent A2 by
Moody’s Investors Service, five grades below the top investment
ranking. California is the lowest-rated U.S. state" (Les 3
principales agences de notation spécialisées dans l'évaluation des
crédits, en citant l'ampleur du déficit californien, ont réduit la
notation sur plus de 46 milliards de $ en Bons du Trésor californiens
entre février en mars. A présent la capacité à rembourser (la bonne
foi) et les garanties sur les crédits de la Californie sont passées à A
chez Standard & Poor's et à A2 chez Moody's Investor Service, ce
qui est 5 notations en dessous du niveau le plus élevé de notation. La
Californie est l'État fédéral américain qui a la plus basse notation). Aujourd'hui, 21 mai 2009, l'agence de notation Standard & Poor's vient de dégrader le Royaume-Uni du triple AAA en "A- 1+".
Un site d'analyse très critique et très sérieux comme Mish's qui fait référence dans les Universités françaises a titré ce matin son article avec "Hooray, for California, Propositions go down in Flames"
(Hourra, les propositions sont parties en fumée). Mish's Global
Economic Trend Analysis est très utile pour lire des critiques, mais ce
site milite pour le désengagement de l'État dans toute affaire
économique. Il a pu parler du "Sowjet Obama" en évoquant les
Plans gouvernementaux. Il est le fidèle et emblématique reflet des USA,
qui critiquent ouvertement les actions de l'État américain.C'est ce
même élan qui pousse les banques américaines à déjà rendre au Trésor
américain les milliers de milliards qu'ils ont reçu de lui depuis
l'automne 2008, voire depuis janvier et juillet 2007 pour purger les
dettes. Ils peuvent se le permettre parce que les normes comptables ont
été tellement légalement assouplies que les centaines de milliards de
pertes se sont évaporées dans les livres de comptes. Les banques
croient aussi qu'en rendant ces milliards de $ les actions vont de
nouveau augmenter et la "valeur" de leurs sociétés avec.
Bien
qu'il y ait eu la faillite de la Bear Stearns ratrappée par la Fed' en
mars 2008, la Lehman Brothers, qui avait été laissée tomber par le
Gouvernement Bush, passe pour être la première grande faillite des USA
de l'après-guerre. La Californie ne veut pas s'avouer qu'elle doit agir
fiscalement, comme le fait actuellement l'Irlande, pour ne pas devenir
officiellement le 1er État américain en banqueroute d'État. Le
management d'évènement d'Obama a toujours su dévier l'attention des
américains pour provoquer un blow up à Wall Street. Mais à chaque fois
il faut que l'annonce et son effet soient plus grand que celle et celui
précédents. Jusqu'où s'arrêtera l'effet de diversion? On fait péter
l'Empire State Building, le Siège de l'ONU à Manhattan, on lance des
attaques à l'anthrax, on crée des foyers de grippe du cochon, on
s'occupe du Pakistan, de la Mer de Chine?
Entre 2005-2007, la banque d'investissement Bear Stearns fut reconnue comme la "plus admirable" (most admired) société de valeurs mobilières, par l'étude du magazine Fortune "America's Most Admired Companies",
et seconde parmi les sociétés de titres. Cette étude annuelle constitue
un classement prestigieux révélateur du talent des employés, de la
qualité de la gestion et de l'innovation. Cependant, en mars 2008,
l'action de la société Bear Stearns perd 80 % de sa valeur, en relation
avec la crise des prêts immobiliers dite des subprime. Et le mensonge
de l'illusoire productivité américaine se révèle comme des miettes de
tranches de salamis, malgré l'ampleur des désastres qui y succèdent aux
autres. Voilà, j'ai de nouveau mêlé ma petite histoire à la Grande.